Premier jour de vacance, frénésie de cuisine.
Tarte au pomme et prunes du congélo, biscuits sables faits par les schtroumpfs, couscous appétissant.
Je dois m'imaginer que si je cuisine aujourd'hui, ce ne sera plus nécessaire les autres jours...
Il y a 6 ans, j'ai vécu un accouchement traumatisant.
Dans mon dossier, à la maternité, rien ne révèle ce traumatisme : accouchement normal, protocole respecté.
Chaque fois que j'évoquais la naissance de ma fille, j'éprouvais un profond désarroi, une infinie tristesse,
un sentiment de gâchis que seule la naissance de mon second enfant, dans les conditions que j'avais choisies est venu réparer.
4 ans plus tard, j'avais mis toutes les chances de mon coté pour ne pas m'exposer aux "risques" que représente une maternité qui avaient tellement nuis à mon corps, à celui de ma fille, à mon couple.
Pour moi, la péridurale, l'épisiotomie, les sages-femmes inconnues auraient été à nouveau vécues comme des agressions,
incompatibles avec ce moment si unique, si intense.
Je suis heureuse et me sens privilégiée.
Comment lui dire à cette petite gamine de 4 ans et demi. Elle qui a réclamé, à corps et à cris, un petit frère ou une petite soeur pendant des mois; et qui, face à l'indifférence (feinte) de ses parents a fini par moins y penser, ou peut-être y penser comme à quelque chose de plus extérieur à elle, à son quotidien.
Cela ne l'a pas empêcher de continuer de fréquenter ses frère/soeur/ami imaginaires qui peuplent ses jeux depuis toujours.
Je ne savais vraiment pas quelle serait sa réaction et ce fut de la joie, pure, et de l'incrédulité.
"Tu es sûre que ce n'est pas un mensonge, Maman?"
Cette question résonne étrangement, jamais nous ne lui mentons. Trop incroyable pour être vrai.
Elle est restée une demi-heure allongée la tête sur mon ventre, pelotonnée comme pour savourer et essayer de capter la vie qui s'y trouve; pour se rassurer aussi peut-être.
Câlin qui s'est achevé par un tonitruant : "Sors de là ! Y'a rien d'intéressant là-dedans !!!!"
Tellement vrai et tellement crapotte.
1ère écho. "officielle". RAS. Sauf que l'effet sur moi est immédiatement apaisant. Je ne voulais pas y croire, ne pas me réjouir trop vite, ne pas m'emballer...
Ca y est j'y crois, je me réjouis, je m'emballe. Je vais avoir un enfant, un deuxième enfant; ma fille va être grande soeur, notre famille va s'agrandir.
Ce matin, fin du petit déjeuner. Je laisse la crapotte et marichéri pour aller me brosser les dents, maquillage etc. Je m’approche pour l’embrasser et là elle me dit :
« Oh maman ! comme il s sont beaux tes s*eins !!! Dis donc ils ont vraiment bien grossis, ils sont bien gros !!!!! »
GLOUPS !!! le pire c’est que c’est vrai, ils ont doublé de volume je fais maintenant un bonnet B !!! Mais comment elle peut voir ça franchement ?! Moi je devais avoir 24 ans quand j’ai remarqué que ma mère avait de plus gros s*eins que moi !!! :-D
7h45 un matin : j'habille la crapotte avec, c’est vrai, des habits très basiques au niveau couleurs et pas forcément assortis mais bon...
« Maman, tu sais, mes copines à l’école, elles ont de bien plus jolies tenues que moi.... »
Gloups, mon cœur se serre ; ça me rappelle des souvenirs... Ne rien laisser paraître !!!
« Tu sais ma chérie, les habits, ça n’est pas si important et puis on ne peut pas être très élégante tous les jours...... »
(la veille elle avait un super ensemble offert par Yasmin de chez Sergent Major : petite jupe et pull tout brillant qu’elle avait maculé de compote soit dit en passant....)
Je suis crevée. Mais crevée de chez crevée et en plus j’ai un mauvais sommeil.
Genre à partir de 19 heures, je pense qu’à une chose : aller me coucher.
A 20h30 je suis au lit mais réveil avec cauchemar à partir de 4/5 heures du mat et impossible de redormir mais plutôt somnolence jusqu’au réveil la tête dans le cirage en retard à 7h30.
Ou bien comme hier : EPUISEE couchée à 20h30 mais impossible de m’endormir tournage et retournage dans le lit jusqu’à 21h30 alors Internet jusqu’à ce que marichéri arrive vers 23h30....
Bref moi qui ai un si bon sommeil d’habitude c’est crotte de bique. Mais bon ça ne devrait pas durer. J’espère....
Je continue à croiser les doigts, à essayer de ne pas penser. En fait à chaque fois que je me réjouis à l'idée d'avoir un second enfant, il y a une petite voix qui me susurre à l'oreille : "t'emballe pas ! c'est pas encore fait, c'est pas sûr; Yek! Yek! Yek!"
Donc je me contente d'être enceinte mais je n'attends pas encore d'enfant. C'est le consensus actuel avec moi-même qui me permet d'être heureuse au présent et de me protéger d'une éventuelle mauvaise nouvelle.
Je sais bien que je me leurre moi-même mais c'est pas grave, j'assume. En plus je suis certaine que c'est différent de la dernière fois. Aujourd'hui j'ai eu la nausée toute la matinée et mes s*eins ont doublés de volume. (Je dois faire un bonnet B maintenant...)
C'est amusant parce que pour la crapotte je n'avait eu aucun signe sympathique de grossesse (sympathiques c'est les médecins qui le disent) en dehors de la fatigue chronique. En ce moment je me couche pas plus tard que 21h00 max.
Patience, patience....
Je suis enceinte !!!
Pas sencore tout à fait sereine mais bon, le taux de Bhcg correspond bien au stade de la grossesse et j'ai rendez-vous le 2 janvier pour m'assurer que la grossese est bien nichée dans l'utérus.
Pas comme cet été...
C'est bizarre cette sensation de bonheur et de plénitude qui fait le yoyo avec le sentiment de crainte, de ne pas vouloir croire tout à fait à son bonheur pour se protéger en quelque sorte. Mais quand j'y reflechi, se protéger de quoi? Même si cette grossesse est bien logée, on est à l'abri de rien dans la vie.
Bref je me rejouis...et j'attends avec impatience l'echo prévue pour le 2 janvier.
On va l'appeler Sophia. C'est une bonne copine.
Sophia a demandé le divorce à Pâques, a emménagé dans son nouvel apart fin septembre avec ses deux enfants, et m'annonce qu'elle a un copain rencontré sur Internet depuis un mois et demi.
Et ca m'emmerde ! Et je ne comprends pas trop ce qui m'emmerde....Je trouve super qu'elle ne reste pas seule, qu'elle rencontre des gens, qu'elle s'amuse, qu'elle passe à autre chose et tout et tout mais je ne peux m'empêcher de penser que tout est tellement récent, qu'elle devrait prendre ses marques dans sa nouvelle vie, de profiter de son indépendance.
Je m'inquiète aussi pour ses enfants. Je sais qu'elle a fait le deuil de son mariage bien avant cette année et qu'elle certainement prête a vivre autre chose mais pour eux (3 et 7 ans), c'est tout récent. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un peu de temps ne serait pas du luxe pour "digérer" tranquillement les nouvelles données de leur vie.
Je pense aussi qu'une mère épanouie, c'est toujours mieux pour des enfants qu'une mère deprimée et solitaire.
Enfin bref, je pense surtout que c'est pas mes oignons et qu'on ne m'a pas demandé mon avis alors je vais me taire consciensieusement mais ca m'ennuie de voir à quel point je suis preturbée.
